Eye of the storm

15.01.25 — 08.03.25

ZAHORIAN & VAN ESPEN

Bratislava, Slovaquie

48°40’N / 19°30’W

15:53

Milan Adamčiak, Panphilian open post / Unknown Object, 2016

L’Atlas a le plaisir d’annoncer sa nouvelle collaboration, avec la galerie slovaque Zahorian & Van Espen.
L’exposition Eye of the storm, sous le commissariat de Silvia Van Espen, réunira dix artistes de la scène contemporaine d’Europe centrale : Milan Adamčiak, Adéla Babanová, Jakub Choma, Juraj Kollár, Jaroslav Kyša, Vladimír Ossif, Lucia Papčová, Lucia Sceranková, Kateřina Vincourová et Sara Zahorjanová.

 

« Les artistes doivent-ils s’effondrer quand les temps changent ? »[1]

 

Cette question posée en 1967 par Jonas Mekas, cinéaste et poète lituanien exilé aux États-Unis (1922-2018), résonne aujourd’hui de manière singulière. Elle nous invite à décrypter le présent à l’aune de ce qui n’est plus ou de ce qui passe : pas pour nous en inquiéter, mais pour y trouver une source paradoxale d’encouragement. Car c’est de courage dont nous avons besoin aujourd’hui, comme le soulignait déjà Mekas dans son livre Film Journal : « Aujourd’hui, il faut tellement de courage pour croire en l’avenir, pour croire que le bien l’emportera ! ».

 

Aujourd’hui, plus que jamais, nous nous questionnons sur notre place dans un monde qui change très vite, parfois menacé, d’autres fois menaçant. Il nous invite à devenir plus résilients, plus efficaces, parfois jusqu’à l’épuisement. Ce monde nous occupe par essence, nous inquiète aussi. En fin de compte, il nous habite ; parfois, il nous submerge complètement, et nous empêche d’avancer. On nous incite à méditer, à être zen, à nous détendre, à nous engager dans un développement personnel ou une thérapie, à travailler sur nous-mêmes encore et encore, à nous déconnecter du flux constant d’informations en ligne…

 

Parfois, nous nous sentons impuissants, désorientés, coincés dans une impasse. La nature se présente comme une des issues de secours ou, en tout cas, comme une troisième voie possible. Nous allons à la montagne, achetons bio, entretenons notre jardin. Nous nous baignons dans la forêt et voyageons vers des destinations exotiques. Confrontés à diverses contradictions, « ville ou campagne, télétravail ou présentiel, jeter ou trier, acheter ou échanger, avion ou train, voiture ou vélo ? », nous vivons dans une tension permanente…

 

Faut-il alors quitter « le monde » (la ville, la société, voire la civilisation) ? Ce serait difficilement réalisable, nous le savons bien, du moins pour la plupart d’entre nous. Peut-être pouvons-nous nous en éloigner un peu, vivre à sa lisière, dans des zones moins perturbées, moins agitées, et participer à la création d’oasis, de jardins, d’îlots et d’archipels où se croisent différentes sociétés. Et nous déconnecter…

 

Nous qui détestons le vide, vers quel genre de monde allons-nous désormais ? Et vers quel genre de futur ? Car qui peut prédire ce que les mois et les années à venir nous apporteront ? Qui peut avoir une vision claire de l’avenir en ces temps turbulents ? Ne manquons-nous pas de nouveaux plans ou de nouveaux projets ?

 

« La création d’œuvres et de soi-même renvoie l’homme dans un acte intime à l’infini préhistorique, au néant de la détermination d’où l’homme tire une force radicale dans la dispute et dans la créativité qui s’entremêlent. »[2]

 

Choisirons-nous, à l’inverse, de nous immerger au cœur de la ville, au milieu de la zone de turbulence, à la confluence des tensions et des courants ? Pour rester debout dans les failles d’un monde fluctuant. Peut-être saurons-nous trouver l’œil du cyclone. À l’image des danseurs derviches ou des guerriers pacifiques, nous pourrons pratiquer l’art de l’équilibre, apaiser nos peurs, tisser des liens et développer la solidarité. Le monde d’aujourd’hui peut être perçu comme un défi crucial lancé à notre humanité : saurons-nous développer le fil du récit de notre propre existence, nous libérer de l’Histoire, toujours écrite par les vainqueurs, nous libérer d’un système qui s’essouffle, et inventer des logiques inconnues, nouvelles, selon des paradigmes différents. Risquer d’autres rêves. C’est ce que cette exposition nous invite à faire.

 

À propos de Zahorian & Van Espen

 

ZAHORIAN & VAN ESPEN est une galerie d’art contemporain basée à Bratislava. Depuis sa fondation en 2011, elle est devenue l’une des galeries majeures d’Europe centrale, représentant à la fois des artistes confirmés et des talents émergents. La galerie développe un programme à partir d’une approche curatoriale unique, cherchant à connecter les artistes locaux à la scène artistique européenne, tout autant dans les espaces de sa galerie que dans les foires internationales. La galerie se consacre également au soutien de la production d’œuvres d’art et à la publication de catalogues et d’éditions monographiques consacrés à ses artistes.

 

 

 

[1] « Les artistes doivent-ils s’effondrer quand les temps changent ? Pour saluer Jonas Mekas (1922-2018) », in The Conversation, published : January 24, 2019.

[2] Damascius le diabolique, Les premiers principes, Paris, ed.Ernest Leroux, 1898.

 

 

 

 

 

 

 

  1. Avec Milan Adamčiak, Adéla Babanová, Jakub Choma, Juraj Kollár, Jaroslav Kyša, Vladimír Ossif, Lucia Papčová, Lucia Sceranková, Kateřina Vincourová & Sara Zahorjanová

ZAHORIAN & VAN ESPEN

  1. Mierová 7, Bratislava, Slovaquie
  2. + 421 907 951 669
  3. www.zahoriangallery.com